Cours du fleuve et réseau hydrographique
1° Source. - Près du village de Pesocna, dans une large vallée, coule une rivière considérable, l'Usa, née à 100 km. plus au Nord. En ce point, l'Usa rencontre une autre rivière, la Losa, qui vient de l'Est, c'est-à-dire de gauche. Entre l'une et l'autre, dans le large plan alluvial où elles vont confluer, apparaît un filet d'eau qui s'unit à elles par plusieurs rigoles. Il est si petit qu'on ne peut le comparer ni aux cours d'eau précédents, nimême à beaucoup d'autres tributaires. Cependant c'est ce ruis seau que l'on a appelé Niémen. L'hydrologue doit se conformer à cet usage qui abrège le cours total de 80 km. et d'après lequel les sources du Niémen se trouvent dans, un bois humide à б km. au Nord-Ouest du village de Losa.
2° Cours supérieur. - Non loin de Pesocna, le Niémen coupe la frontière polono-soviétique, puis il coule vers le Nord-Ouest en décrivant de petits méandres, près des villages de Stolpce et de Sverzen. A partir de cette localité, le Niémen est considéré comme navigable3 sur 855 km. de longueur. Le flottage des bois est possible depuis Pesocna.
Jusqu'à son affluent la Bereza4, le Niémen a 40 à 60 m. de largeur normale et déroule ses méandres dans une vallée humide. La Bereza coule à travers des marais et augmente beau coup le débit du Niémen, grâce à son bassin de 3.992 km2. Le fleuve devient large de 50 à 180 m. Dans le labyrinthe de ses brasse sont conservés jusqu'à présent des castors, protégés par le Gouvernement polonais. Puis le Niémen supérieur reçoit comme affluents : à droite, la Gauja, la Dritva, la Lébéda, la Katra; à gauche, la Maucedis, la Sce/ra, la Zelva, la Rosis, la Lososna.
La Scera (line Chtchara) vient des vastes marais de Polésie et s'unit par le canal Oginski avec la Jasolda, affluent de la Pina, qui se jette dans la Pripiat, elle-même tributaire du Dniepr. La Scera, longue de 324 km., a un bassin de 6.992 km2. A l'aval de son confluent, le iNiémen offre déjà l'aspect d'une grande rivière, large de 60 à 160 m^ tout à fait apte à la navigation par
bateaux à vapeur.
Ce cours supérieur qui se termine au confluent de la Katra. à quelque distance avant Gardinas, se distingue par un profil en long à peine accidenté (pente de 16,6 cent, par km. de Stolpce à Gardinas), par des vitesses modérées du courant, pair des rives sablonneuses peu élevées et de rares bancs de sable.
3° Cours moyen. - Le cours moyen est marqué presque dès le début et jusqu'à Kaunas par la série de rapides que nous avons signalés plus haut. En même temps, le Niémen, qui coulait dans l'ensemble de l'Est vers l'Ouest, prend la direction du Nord. Ce secteur présente beaucoup de grands méandres. Le plus remar quable d'entre eux se trouve entre Nemankinai et Biirstonais ; il comporte en deux boucles un trajet de 50 km. (fîg. 3), tandis que 4 km. 500 suffiraient au parcours le plus direct. Ce secteur du Niémen est morphologiquement le plus jeune, le plus travaillé par l'érosion actuelle, donc le moins évolué en ce qui concerne le profil en long; celui-ci (fig. 4) montre de Gardinas à Kaunas des pentes bien plus accentuées (0 m. 337 par km. en moyenne) qu'à l'amont et à l'aval, el il en résulte des vitesses plus grandes du courant.
Les affluents du cours moyen, large de 70 à 200 m., sont, à droite la Merkys, la Verkné et la Stréva, à gauiche le Juodoji Ancia (l'Ancia Noire, en polonais Czarna Hancza), la Baltoji Ancia (ou Ancia Blanche), la Perséké et la Jesia. La Juodoji Ancia s'unit par le canal d'Augustowo au Bobr qui appartient au réseau de la Vistule.
Fig. 3. - La grande boucle du Niémen entre Nemaniunai et Birstonas.
4°Cours inférieur. - Juste à l'aval de Kaunas, le Niémen reçoit son plus grand affluent, la Néris ou Vilija, dont les pentes sont les suivantes :
de la source à Narutis 36,8 cent. par km.
de Narutis à Zeimena 31,6 —
de Zeimena à Sventoji 40,5 —
de Sventoji au Niémen 37,8 —
Fig. 4. - Profils en long du Niémen et de la Néris
Ces chiffres et la figure 4 montrent лп profil en long bombé comme celui du Niémen et encore non aménagé par le jeu na turel de l'érosion, puisque la déclivité est plus forte sur le cours inférieur qu'à l'amont.
Après ce confluent, le Niémen n'a plus de rapides, mais est encombré de bamcs de sable. Sa largeur normale atteint 170 à 360 m. Sa pente s'adoucit de nouveau : 0 m. 124 par km. de Kaunas à Smalininkai.
En aval dle la Nénis, le Ni'émen coule droit vers l'Ouest et reçoit plusieurs tributaires importants : à droite la Nevezis, la Dubysa, la Mituva, la Jura, à gauche la Sesupé.
Après la ville historique de Tilsit, le Niémen perd son nom et se partage en deux bras : celui de gauche, la Gilija (Gilge), se dirige au Sud-Ouest et rejoint la branche appelée Nemunynas (Nemonien des Allemands); celui de droite, nommé Rusné (ou Russ), le plus important, coule d'abord versl'О.-N.-O.; puis, près du village de Rusné, ce bras se partage en plusieurs branches : Skirvyté, Atmata, Pakalné, etc.. Tous ces chenaux about issent à la baie de Gourlande, peu profonde, et que comblent graduellement les sables du Niémen. Ces bras communiquent par des^voies navigables artificielles avec les ports de Kônigsberg et Klaipeda (Memel). Ce dernier se trouve au débouché de la baie dans la mer Baltique.
3Autrefois on utilisait sur le Niémen de grands bateaux, longs de 50 m. et portant jusqu'à 1.500 tonnes. On les appelait vytiné.
4II ne faut pas confondre cette rivière avec l'autre Béréza (Bérézina), affluent du Dniepr, rendue célèbre par le retour tragique de Napoléon en 1812. Cette faute a été commise par Jean Mauelère, dans un article sur le Niémen (La Nature du 15 mai 1934, n° 2929, p. 435).
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